"Cette histoire commence début des années 70, j’ai 18 ans et deux passions , la moto (je bricole de vieilles pétoires avec mon copain Bruno) et la voile, je suis sur l’eau pour régater dès que possible.
Francois, mon futur beau-frère, construit avec une bande de copains trois gros voiliers identiques, avec pour objectif à terme, partir faire un tour du monde.
Tous les week end, je vais les aider, c’est la passion dévorante, tous les corps de métiers sont représentés menuiserie, métallerie, électricité etc... J’adore ; j’adore d’autant plus qu’étant étudiant, je n’ai pas leur problèmes pécuniers, je suis la en tant que manœuvre, et je ne demande rien, juste la permission de venir samedi, dimanche, les aider.
Quelques années plus tard, mon beau-frère Francois décide de partir sur son voilier, malheureusement, il est seul, il me questionne ; est ce que je veux partir avec lui ?? Je lui demande une semaine de réflexion, même si à la fin de notre discussion ma décision est déjà prise. Nous partons 20 mois, atlantique, caraïbes, Amérique centrale, ce voyage à 25 ans va bouleverser ma vie. A notre retour en plein hiver, je suis fauché comme les blés, je retourne à la maison familiale. Dur, dur. Je cherche à m’occuper, l’envie n’est pas là…
De l’autre coté de la rue, un copain, Pierre Lair, construit également un bateau pour partir lui aussi. Nous passons beaucoup de temps ensemble. Pierre dirige un élevage de poules pondeuses (200 000 quand même). L’élevage ou il travaille subit une expropriation afin de construire une zone pavillonnaire. Pierre me demande de l’aider, vider les cages, transporter les poules, nettoyer les bâtiments, bref six mois ensemble qui vont forger notre amitié, notre complicité. Lorsque le dossier de l’élevage se referme, Pierre me demande si une association m’intéresserait, pour faire du négoce d’œufs ; je lui dis ne pas connaitre grand-chose sur cette partie, mais que je me verrai beaucoup mieux à vendre du fromage. Nous avançons, notre objectif à terme, c’est de travailler à tour de rôle, l’un fera de la voile, pendant que l’autre travaillera…
(Bien sur, cela ne se fera jamais, mais nous ferons mieux, nous allons régater ensemble pendant vingt ans.)
Toujours sans le sou, j’emprunte 10 000 francs (1500€) à mes parents, et nous achetons un camion d’occasion; nous sommes en mars 1983, Benoist-Lair est né.
La première année est bonne, (nous partons de zéro), mais difficile, car nous ne prenons pratiquement pas de salaire. Pierre déjà habitué à gérer une société, va piloter le démarrage (le siège social et le dépôt son chez lui, Anne son épouse va nous supporter pendant six ans, merci pour son accueil et sa gentillesse.) De mon côté, je pousse les portes et décroche du client. Tous les deux, nous ravitaillons et livrons; journées à rallonge 4h ou 5h le matin, jusqu’à 19h tous les jours, nous ne comptons par notre temps, pris par le tourbillon du développement.
Au bout de 3 ans Bruno Croquison , le beau-frère de Pierre (et mon compère motard de mes 18 ans ) nous rejoint, il va nous apporter son organisation et son incroyable energie. En 1990 nous construisons un bâtiment:
- En 1999 nous nous lançons dans le surgelé, nous agrandissons
- En 2002 nous intégrons le groupe France Frais
- En 2010 Nous devenons plateforme surgelée pour le groupe.
- En 2020 nous sommes 40 personnes et réalisons 20M€
Merci à (François qui a été le détonateur) Pierre et Bruno, sans qui cette aventure fondée uniquement sur l’amitié n’aurait pas été la même.
Jacques Benoist
PS : David Hanin , le petit jeune qui avait repris ma tournée sur Honfleur en 1999 à désormais pris la direction de l’entreprise…"